À l'occasion de la première édition des Journées Nationales de la Réparation organisées par l’association HOP – Halte à l’Obsolescence Programmée et Make.org Foundation. Oui Are Makers est ravie de contribuer à cet évènement et de faire partie de ses partenaires.
Les JNR en quelques mots, qu’est-ce que c’est ?
Un événement national, fédérateur les 20, 21 et 22 octobre pour mettre en lumière les solutions qui
existent pour réparer nos objets près de chez nous. C’est aussi l’occasion de faciliter l’organisation de 800 événements autour de la réparation afin de promouvoir la réparation et partager
ce savoir-faire.
Mais aussi faire de la réparation une habitude éco-citoyenne des français et encourager le passage à l’action, sensibiliser les citoyens et plus spécifiquement les élèves et étudiants à la réparation en leur donnant envie d’utiliser des modes de consommation plus durables.
Pour cette première édition, nous te proposons de redécouvrir notre e-Magazine 100% Réparation édité en collaboration avec MAIF. Ce e-Mag est une véritable mine d’or pour tous les adeptes de la Réparation (ou pas) ! Un condensé de 70 pages regroupant conseils et ’astuces d’experts, interviews, rencontres de Makers, tutos, inspirations et bien plus pour vous donner envie de vous lancer.
Pendant 7 jours, un article extrait du e-Magazine, partagé sur notre plateforme, gratuitement.
Pour ce second article, zoom sur le visible mending, une pratique utilisée pour réparer vos textiles en toute créativité !
Qui n’a jamais eu de jean, pull, chaussettes troués, nichés au fond de ses placards ? Faites place au “visible mending” ! Finies les coutures que l’on veut cacher à tout prix. Littéralement “reprisage visible”, le “visible mending” vous permettra de donner une seconde vie à vos vêtements d’une manière créative et unique. Vous trouverez sûrement chaussure à votre pied tant les techniques sont multiples : broderie, patch, reprise, sashiko... à vous de choisir celle qui correspond à vos envies.
Nous avons rencontré Céline Dupuy, designer textile, passionnée de couture, mais pas que !
Spécialisée dans l’upcycling de jean depuis 15 ans, elle nous partage avec une grande
sensibilité, son histoire et sa vision de la réparation, qui a toujours fait partie intégrante de sa vie : “Réparer n’est pas une mode, mais un mode de vie”.
crédit : Céline Dupuy
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Céline Dupuy, artiste-auteure et designer textile indépendante depuis 25 ans, spécialisée dans l’upcycling de jean depuis un peu plus de 15 ans. À la suite de mes études en école d’art, j’ai travaillé pour des agences de communication et de publicité, pour lesquelles j’ai réalisé des objets techniques utilisés dans le cadre de campagnes publicitaires. J’ai également travaillé pour la presse papier (Prima, Marie-Claire, Elle Déco, Le Figaro...). J’aime le défi, vivre au royaume du “tout est possible”, créer et inventer de nouvelles choses. Transmettre mon savoir-faire est l’un de mes essentiels : c’est pourquoi j’ai écrit différents livres sur l’upcycling, la couture, le DIY, parus aux éditions Marabout. Je donne également des cours dans mon atelier parisien.
Pour toi, que signifie le “visible mending” ?
Aujourd’hui, réparer ses vêtements est une nécessité face à la surconsommation et à la pollution. Le “visible mending” est une pratique multi-techniques puisque l’on peut faire du reprisage, de la broderie, apposer des patchs,de la peinture... c’est très varié. En choisissant
la technique, les matières, les formes et les couleurs, on recherche et on affirme sa créativité. C’est une bonne manière de renouer avec son
for intérieur, de réaliser la richesse que chacun possède en lui.
Pourquoi le jean en particulier ?
J’ai toujours porté beaucoup de jean, c’est une matière universelle, pour tous les âges et unisexe. Pour moi, c’est un lien : on a tous des jeans dans nos placards, ils ont une histoire, ils nous accompagnent dans les différents évènements de la vie. La couleur bleu du jean a une valeur symbolique puisqu’elle rappelle le bleu de l’eau et du ciel. Malheureusement, c’est l’un des vêtements qui pollue le plus à la fabrication. À ce jour, j’ai un stock d’environ 250 jeans que je récupère grâce aux habitants de mon quartier qui s’en séparent. Je propose toujours à certains donateurs de prendre un cours pour les réparer, leur donner un second souffle.
Quand on parle de réparation (au sens large), qu’est-ce que cela t’inspire ?
Composer avec l’existant, c’est ma manière de voir les choses. En réparant, nous devenons des conso-acteurs, laissant un impact positif derrière nous. Si chacun ajoute sa pierre à l’édifice, alors les choses commenceront à changer. Il existe aujourd’hui plein de lieux comme les “Repair Cafés” pour initier le plus grand nombre à ces pratiques : ce sont de belles initiatives à soutenir ! Réparer un vêtement, un objet, c’est aussi réparer l’esprit. Toutefois, même quand on répare, c’est important d’apporter du rêve, de la poésie, du plaisir.
Quel a été ton déclic, ton cheminement, par rapport à la réparation ?
Je viens d’une famille modeste et très manuelle. La récupération est ancrée dans mon mode de vie, depuis mon plus jeune âge : j’ai toujours conservé, réparé, transformé, retapé, que ce soit du textile ou du mobilier. Réparer n’est pas une mode, mais un mode de vie.
Où as-tu appris les gestes et techniques de réparation ?
J’ai appris à broder et à tisser dans les différentes écoles d’art. J’aime aussi piocher des informations dans les livres de grands-mères. Le textile, pour moi, n’est pas un hasard. Mon arrière grand-père était tisserand en Espagne, je l’ai su après avoir fait mes études de tissage. Depuis, je n’ai jamais perdu le fil !
Quelle est la pièce que tu as réparée dont tu es la plus fière ?
La réparation dont je suis la plus fière, pour le défi technique, est d’avoir refait entièrement mon canapé en jean. Je l’aime beaucoup mais il était abîmé à cause de mon chat et je n’avais aucune envie d’en changer. Je l’ai donc retapissé ! D’ailleurs, il faut que je le répare à nouveau car mon chat a encore fait des siennes ! Ce que j’aime, c’est que je vais pouvoir le patcher à volonté, continuer de le faire vivre et évoluer.
Ton plus grand défi ?
Mon plus grand défi serait de vendre mes créations en favorisant la relocalisation et la production à petite échelle. Proposer mon regard esthétique et de faire plaisir aux autres, tout en travaillant avec des gens qui ont une belle éthique. Générer de l’emploi est un de mes objectifs : j’accueille d’ailleurs Clémentine en alternance depuis septembre, pour les deux années à venir, afin de lui transmettre mes savoir-faire.
Quels outils utilises-tu le plus pour réparer ?
Les outils de base : mes mains, une aiguille, du fil... il m’en faut peu pour être heureuse !
Quand on a beaucoup de choses à réparer, et qu’on veut gagner du temps, la machine à coudre peut avoir son utilité. Si l’on possède pas, il suffit de prendre un cours ou bien d’en emprunter une, avant d’en acheter (de seconde main, c’est parfois la meilleure option ! ). Bien évidemment, quand
on a une machine, on pense à la faire réviser : quand on aime, on entretient !
Quels conseils donnerais-tu à une personne qui aurait envie de se lancer dans la réparation ? Demander à un proche initié de nous apprendre, ou pour gagner du temps, se rapprocher de profes- sionnels qui donnent des cours de couture. Je trouve que, malheureusement, le côté transmis- sion se perd : il y a une réelle disparition des savoir- faire. C’est aussi pour cette raison que j’anime
des cours dans mon atelier et à l’extérieur, afin de transmettre mes connaissances au plus grand nombre. Aller vers les autres et être avec les autres est, selon moi, un moment de partage essentiel.
Dans notre prochain article, nous vous partagerons une sélection d’inspirations pour réparer vos textiles de manière simple, ludique et créative ! En attendant, découvrez le tuto de Céline pour repriser son jean troué, dans la version complète de notre e-Mag !
Télécharger le e-Mag complet
Tu as envie de faire partie de la prochaine édition de notre E-magazine sur le thème de la Récup’ ?
RDV ici Plus d’infos sur les Journées Nationales de la Réparation
ici